Saison 2018-2019

Saison 2018-2019

Toute la saison

et celles et ceux qui la composent

du 24 août 2018 au
30 juin 2019

Théâtre | danse | musique | pluridisciplinaire

Qu’ils crèvent les artistes !

saison 2018-2019 – édito

L’année passée, nous lancions la programmation de la saison en valorisant les élixirs distillés avec passion , ténacité, jeunesse, soin, expérience, curiosité et intensité par les artistes, agissant tels des alchimistes poursuivant leurs recherches, quelle que soit la morosité de l’environnement culturel ou politique. Avec les artistes qui prennent le risque de partager ce qui est enfoui en eux, nous invitions les spectatrices et spectateurs à prendre le risque de recevoir ce que nous ne connaissons pas encore.

Aujourd’hui, l’exclamation librement empruntée à Tadeuzs Kantor pointe à l’horizon : Qu’ils crèvent les artistes !

Le Galpon fait partie des initiatives artistiques et culturelles pensées, construites et développées par les artistes et les publics depuis une cinquantaine d’années. Ce sont ces initiatives qui, avec les structures institutionnelles, constituent une histoire commune des diversités artistiques dans la cité. Cette biodiversité permet la coexsitence d’une panoplie de formes et de pensées artistiques et scéniques qui se situent parfois aux antipodes les unes des autres. Ces tensions et ces avancées artistiques ont été nourries par les artistes eux-mêmes et par le milieu associatif qu’ils ont constitué. Milieu associatif qui est encore la condition nécessaire à l’existence de la richesse des formes, des genres, des disciplines et des artistes à Genève. S’il est affaibli, un processus de désertification s’amorcera, quels que soient les mirages qui nous inciteraient à l’oublier.

Oui, aujourd’hui les artistes sont de plus en plus fragilisés. La loi de répartition des tâches dans le domaine culturel, agressive et néfaste vis à vis de la création et des créateurs, est heureusement remise en question par l’initiative portée par les milieux artistiques et culturels. Mais cette loi a eu le temps, depuis janvier 2017, de précariser ce qui était déjà régulièrement remis en question dans les financements publics. Les fonds nécessaires au fonctionnement de la Comédie de Genève dans ses bâtiments en construction ne sont pas encore acquis. La précarisation et le durcissement de conditions de l’intermittence ne peut plus être compensé par le milieu associatif qui, historiquement, a toujours cherché les moyens de créer de la solidarité économique et sociale en marge des lois du marché. Les contraintes administratives vis à vis des associations à caractère artistique, culturel et social rendent leur fonctionnement plus compliqué et affaiblissent des budgets déjà maigres ; ces pressions précarisent l’activité artistique au profit du travail administratif.

La Genève artistique et culturelle est florissante et pourtant, l’apport majeur des artistes à la création est de moins en moins pris en compte à sa juste valeur. A tel point que la notion même de création semble passer au second plan des préoccupations politiques, et parfois même des publics et des artistes ! Qu’est-ce que créer aujourd’hui à Genève ? La création est-elle encore un levier critique pour interroger le fonctionnement de notre société ?

Les créations de la saison 2018-2019 questionnent toutes, d’une manière ou d’une autre, les représentations du corps : un Temps fort consacré aux apparences, une Romance qui fait disparaître les acteurs dans un noir total et un Lampedusa – les flux et le rocher qui évoque les vies perdues en mer, une danseuse qui ouvre son Carnet de bal aux corps de tous âges, un Festival queer féministe qui politise l’identité, une Venus qui se mutile pour n’être plus qu’une voix et une femme beckettienne qui se réduit à une bouche, un texte qui s’incarne Entre les deux épaules, un autre qui offre une nappe de PÉTROLE à une danse sombre, se déploie en boucles d’improvisations physiques dans Manque ou enfin, se conçoit comme un dialogue entre le corps et son environnement avec Divaguer dans les buissons

Le corps de l’artiste qui est là, peut-être caché, engoncé ou alors éclatant, mais qui est là, vivant, et qui ne crève pas.

Gabriel Alvarez
Nathalie Tacchella
Juin 201

* En 1985 Tadeusz Kantor crée Qu’ils crèvent les artistes, un spectacle qui, comme la majorité de ses pièces, parle de la vie, de lui en tant qu’artiste, de la mort et du temps qui passe, mais aussi de la renommée, de la gloire et du contexte dans lequel un artiste vit et crée.

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Se retrouver à l’occasion du lancer de saison le 24.08.18

Autant qu’une présentation des artistes et des créations programmées durant cette saison, cette soirée est ponctuée d’actions manifestes pour endiguer, confirmer ou nier l’exclamation Qu’ils crèvent les artistes ! *

Le défi pour nous est que les artistes s’affirment non seulement par leur travail de recherche et de création, mais aussi en tant que porteurs et acteurs d’une biodiversité artistique et culturelle qui les lie d’une manière ou d’une autre, quelles que soient les esthétiques, les disciplines, les formations.
Cette biodiversité est aujourd’hui menacée.

Célébrons-la ensemble, à l’ombre des grands arbres abritant la terrasse du Galpon, autour d’un bon repas préparé au feu de bois °

* En 1985 Tadeusz Kantor crée Qu’ils crèvent les artistes, un spectacle qui, comme la majorité de ses pièces, parle de la vie, de lui en tant qu’artiste, de la mort et du temps qui passe, mais aussi de la renommée, de la gloire et du contexte dans lequel un artiste vit et crée.

° Grand merci à Nadine Rivollet, Maurice Geinoz, Marie-Christine Briffod et à la commune de Choulex pour leur aide précieuse !

Et grand merci à Christian Lutz qui nous offre une photo pour la saison « Qu’ils crèvent les artistes »